Résumé :
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Une gauche antiproductiviste a toujours existé mais en broyant du noir. Elle a trop lu Lautréamont et Rimbaud et fut indécrottablement pessimiste. Ce pessimisme fut celui des socialistes utopistes face à leurs échecs répétés, celui des socialistes antiautoritaires face au peuple qui ne veut rien entendre, celui des marxistes hétérodoxes qui cultivent leur gueule de bois d’avoir, eux, trop bien compris ce vers quoi conduisait le capitalisme du 20e et du 21e siècles. Nous ne pouvons espérer dépasser ce vent de pessimisme que si nous nous mettons à l’écoute des forces de vie qui ont toujours parcouru le mouvement social. J’ai consacré de longues pages au pessimisme de Leroux, de Kropotkine, de Bakounine, de Proudhon, de Louise Michel, d’Elisée Reclus, des marxistes hétérodoxes comme Lukacs, Gramsci, Benjamin, Adorno, Marcuse et même Sartre et Althusser mais j’ai cherché aussi à comprendre ce qui a toujours empêché les auteurs et militants les plus lucides à être foncièrement optimistes. On ne fera certes pas la révolution avec des forçats consentants du travail. On ne prendra plus de Bastille avec des consom’acteurs qui se lèvent pour Danette. A quoi peut servir de se répéter que le capitalisme créé les conditions de son propre dépassement, s’il peut être dépassé aussi bien par sa droite que par sa droite.
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