Titre : | De N'Djamena à Kigali : les détours africains d'Emmanuel Macron (2021) |
Auteurs : | Thomas Gomart, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Etudes (4284, juillet-Août 2021) |
Article en page(s) : | p. 29-30 |
Langues: | Français |
Catégories : |
[UNESCO] Comportement politique [UNESCO] France [UNESCO] Histoire africaine |
Résumé : |
Le 23 avril 2021, Emmanuel Macron assiste aux obsèques d’Idriss Déby, le président du Tchad, mort au combat après plus de trente ans de règne. Le Conseil militaire de transition, dirigé par Mahamat Idriss Déby, son fils, prend le pouvoir au mépris de la Constitution et de l’effervescence politique du pays. En espérant « la promesse d’un Tchad apaisé faisant une place à l’ensemble de ses enfants et à toutes ses composantes » et en souhaitant « la stabilité, l’inclusion, le dialogue et la transition démocratique », Emmanuel Macron lui apporte un soutien de taille, ce qui suscite de vives critiques. Ce faisant, le président de la République française donne la priorité à la relation de sécurité qui relie N’Djamena et Paris depuis l’indépendance, relation jugée indispensable dans le combat contre les groupes djihadistes au Sahel. Un mois plus tard, le 27 mai, Emmanuel Macron prononce un discours très attendu sur le génocide perpétré contre les Tutsi.... ..... Si l’on comprend parfaitement les ressorts historiques, politiques et philosophiques à l’œuvre dans ces diplomaties de mémoire, il faut aussi s’interroger sur leur portée, au-delà des cadres bilatéraux dans lesquels elles sont conduites. Nul signe, pour l’heure, de démarches similaires de la part de la Chine, de la Russie ou de la Turquie, par exemple. Il est peu probable que ces pays s’y convertissent dans les années à venir. Ces diplomaties de mémoire placent les pays européens sur la défensive. Ils doivent faire face à une demande continue de justification alors que leurs opinions publiques pourraient se déchirer entre ceux qui fustigent la « repentance » et ceux qui dénoncent systématiquement l’ancienne puissance coloniale. L’introspection n’est pas jugée nécessaire par tous. |