Une corde raide et mince est tracée sur la feuille de papier; l'enfant funambule tente de ne pas perdre l'équilibre. Sans succès: l'auteur du dessin mourra quinze jours après avoir exprimé, à sa façon, la gravité de sa maladie. Il n'avait pas dix ans. Enfant cancéreux. Comment admettre cet amalgame insupportable ? Comment, à huit ou dix ans, peut-on affronter une telle agression ? Les enfants cancéreux qui "parlent en ce livre" connaissent la nature et l'évolution de leur mal, et cela dès leur plus jeune âge: Georges a trois ans et demi, une tumeur à l'oeil et dessine deux parfaitement disproportionnés, perdus sur la feuille blanche: "L'un est malade, explique-t-il, l'autre pas." Les perfusions, dans les dessins les plus optimistes, prennent l'allure de cerfs-volants et Goldorak lui-même, qui malgré l'épreuve reste debout, est astreint au traitement. Brave Goldorak et pauvres poupées, soignées jusqu'à plus soif, amputées, écornées, pansées avec la plus grande énergie... Et Goldorak vaincra.
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