La vie est une succession de séparations par lesquelles on ne cesse de grandir. A chaque instant, on meurt à soi-même, à l'autre, au monde, au temps. Deuil de la langue maternelle, de sa jeunesse, d'un engagement politique, d'une vie professionnelle... Cette expérience de la perte sans cesse répétée n'est-elle pas la trace d'un deuil originel inscrit en nous à la naissance ? Perdre l'autre réactive alors un deuil qui a déjà eu lieu. Et cette perte dans l'amour comme dans la mort rejoint le rêve du " pour toujours " et la chute du " plus jamais ". Dans les deux cas, il est question d'éternité. Pour faire son deuil, il faut le vivre. Or notre société a procédé à un gommage de toutes les manifestations extérieures, qu'elles soient individuelles, comme les larmes, les gémissements, les cris, ou collectives à travers les rituels laïcs ou religieux. De l'intime au social : exorciser, apprivoiser, prendre le temps, garder la mémoire sont les conditions nécessaires pour qu'il y ait réparation. Le deuil comme un apprentissage, vivre malgré tout, car " vivre c'est perdre ". Avec, entre autres, André Comte-Sponville, Raoul Girardet, Jacques Hassoun, Julia Kristeva, Claude Llabres, Antoine Spire, Paul Virilio...
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