Résumé :
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Pour l’immense majorité de nos contemporains, le bonheur ne se représente qu’à deux. Rarement, jamais peut-être, dans une culture, le couple n’a été l’objet d’un tel investissement affectif et culturel. De lui, tout ou presque est attendu : harmonie, équilibre, entente sexuelle, intellectuelle et culturelle, communication, transparence même parfois. Aussi le diagnostic d’individualisme, si souvent porté sur nos sociétés, peut-il s’avérer partiel, peut-être même surfait. Au moins autant qu’à l’autonomie, bien davantage qu’à l’autosuffisance, nombre de nos contemporains aspirent à la proximité, à l’abandon dans les bras d’un autre, au plaisir du corps-à-corps, au sentiment de fusion, mais aussi à la communauté de destin et à la fidélité. C’est de la relation à l’autre qu’est attendu le salut du moi. De là que surgit le paradoxe : jamais une culture n’a autant valorisé l’amour que la nôtre, jamais en même temps le nombre de solitaires n’a été aussi grand.
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